Interview : Julie Maupin – direction IOTA

Julie Maupin, directrice du département en charge des impacts sociaux et des régulations publiques pour la fondation IOTA, dévoile son parcours et ses ambitions pour le futur. Cet interview a été réalisé par Daniel de Michele (Carpincho Dem) pour le site HelloIOTA. Cette traduction a été effectuée par lutilisateur Megabiquette 

 

Introduction

Julie Maupin a parcouru le monde, obtenu de nombreux diplômes universitaires incluant des maîtrises en droit et économie de l’université de Yale ainsi qu’un doctorat en développement international. Elle est une experte reconnue en droit économique international et sur les régimes de gouvernance globale. Grâce à son affinité de longue date pour la technologie, elle pu se reconcentrer sur une variété de sujets dans le domaine des registres distribués tout en étant professeur de droit à l’université de Duke, et plus tard chercheuse senior à l’institut Max Planck. La Fondation IOTA est chanceuse de compter parmi ses rangs une experte de sa qualité.

 

Interview

Parlez nous un peu de votre parcours 

La première chose à clarifier est peut-être que je ne suis pas Française (désolée, IOTA France !). La plupart des gens pensent que je le suis à cause de mon nom et parce que je vis en Europe. Mais en réalité j’ai grandi dans le Colorado rural, aux États-Unis. Cet endroit a tendance à attirer des gens qui veulent faire leur propre chemin dans la vie – libre de contraintes externes, mais également dépourvu de beaucoup de soutien de la part du gouvernement – « l’esprit pionnier » en quelque sorte. Je pense que cette mentalité a influencé ma propre vie d’une façon considérable. J’ai eu une carrière assez originale. 

Après avoir quitté l’école au milieu des années 90, mon premier travail fut au sein d’une agence de secours et de développement à but non-lucratif en Bosnie. Quand je suis allée là-bas, j’avais seulement une vague idée de ce à quoi je devais m’attendre. La réalité était plus percutante que les quelques reportages télés qui ont pu arriver au monde extérieur. Dans la ville où je travaillais, Bihac, il n’y avait que des femmes et des enfants. Tous les hommes de plus de 16 ans avaient étés envoyés sur le front. C’était ma première expérience du lien très réel et très dur entre la prospérité économique et les droits humains de base. Tout ceux qui avaient les moyens de fuir la guerre l’ont fait. Les autres étaient coincés et ont enduré 4 années horribles. Cette réalisation fut ce qui a fait naître en moi le désir d’étudier à la fois l’économie et le droit, pour comprendre les interconnexions entre l’autonomie économique et l’émancipation sociale à l’échelle globale. 

Je suis retournée aux États-Unis avec ce but en tête. J’ai cependant d’abord dû trouver un moyen de financer mes études. C’était la fin des années 90, donc j’ai fait ce que tout le monde faisait : j’ai déménagé pour Seattle et pris le train de la technologie en marche. J’ai alors atterri à Monster.com. Cela aussi s’est révélé être une expérience très formatrice. J’ai pu connaitre le cycle d’essor et de déclin d’internet, avec lequel le domaine de la blockchain montre des parallèles frappants. À l’époque, comme maintenant, il était incroyablement difficile de déterminer les gagnants et les perdants. Les technologies liées à internet se sont développées à un rythme vertigineux, l’argent était facile à trouver, et personne n’avait vraiment d’idée vers quoi tout cela mènerait. Quand la bulle internet éclata en 2001, environ un tiers des personnes que je connaissais ont perdu leur travail du jour au lendemain. Et ce n’était pas forcément les entreprises les plus « cools » qui ont survécu. La réalité c’est que les humains et les marchés que nous créons peuvent être terriblement irrationnels. Le fossé entre le battage médiatique et le concret est parfois très large. Tout ce qui brille n’est pas d’or. 

Un autre enseignement important qui arriva durant cette période fut une leçon que je n’ai apprise que plusieurs années plus tard. Quand j’étais chez Monster, j’ai développé une très bonne relation client avec une banque régionale de taille moyenne appelée Washington Mutual. Nos équipes ont conceptualisé et construit une suite d’outils de gestion des ressources humaines en ligne pour soutenir les ambitieux plans d’expansion nationale de la banque. Tout se passa bien, et en quelques années, WaMu était devenue l’une des plus grandes banques de prêt immobilier des États-Unis. Malheureusement, il s’est avèré que c’était largement dû son expansion agressive dans le marché des prêts hypothécaires en sub-prime. La société fit complètement faillite en 2007 lors de la crise des sub-primes. J’avais quitté Monster 5 années auparavant pour poursuivre mes études à Yale. Mais en regardant en arrière, je réalise que la technologie que nous avions construite au début des années 2000 avait généré la succession de souscripteurs de prêts qui à leur tour ont permis à WaMu de suivre ce chemin. Nous étions un rouage essentiel. Sans l’aide des outils de recrutement en ligne, WaMu n’aurait probablement pas été capable d’engager assez de personnes assez vite pour soutenir un taux de croissance aussi explosif. 

La morale de l’histoire ? Quand vous êtes au milieu de tout ça, vous n’avez pas forcément idée des impacts systémiques sur le long-terme des technologies sur lesquelles vous travaillez. L’innovation technologique amène avec elle des externalités – positives et négatives – qui sont impossibles de prévoir à l’avance. C’était vrai pour internet et c’est aussi vrai pour les registres distribués, les technologies de l’internet des objets, l’intelligence artificielle, les ordinateurs quantiques et tous les autres domaines à la pointe aujourd’hui. Les innovateurs doivent être conscients de cette réalité et aborder leur travail avec humilité et vigilance. 

Comment êtes vous entrée dans le monde des cryptos et des registres distribués ? 

En 2012 je suis tombée sur un article sur le Bitcon alors que j’enseignais à la Duke Law School (grâce à mes études à Yale et un doctorat en Suisse, j’étais devenue une spécialiste en droit économique international – commerce international, investissement, régulation financière, régimes monétaires, etc.). J’ai été immédiatement fascinée par la façon dont le Bitcoin utilisait des motivations économiques pour résoudre le problème des généraux Byzantins afin d’obtenir un réseau décentralisé de noeuds indépendants qui convergent vers une solution par consensus. J’ai immédiatement vu le potentiel permettant de donner accès au système financier global aux populations qui en ont longtemps étés exclues. Ceux qui n’ont pas de compte bancaire mais aussi les micro-entrepreneurs qui ont des difficultés à accéder aux flux de capitaux globaux. 

J’ai commencé à me renseigner sur la technologie et à garder un oeil sur les forums qui en débattaient. À l’époque, il y avait très peu d’avocats qui s’intéressaient à cette technologie. La plupart pensaient que c’était une mode qui s’évanouirait vite. De nombreux collègues enseignants me disaient « ça n’a aucune substance ». Ou bien « le gouvernement l’interdira un jour et ça sera la fin ». Mais malgré tout le drama avec Slik Road, Mt. Gox, etc, il était clair pour moi que c’était une réelle innovation qui pourrait très bien révolutionner l’économie globale. Puis Ethereum est arrivé, ainsi qu’une explosion de projets très intéressants par la suite. J’étais accrochée. Pour moi c’était le mélange parfait des sujets que je trouve les plus intéressants : l’économie, le droit, la technologie, la psychologie sociale et comportementale… tout ça combiné avec le potentiel de permettre des modèles d’émancipation économiques précédemment impossibles à grande échelle pour des populations historiquement désavantagées. Comment ne pas aimer ça ? 

Quand avez-vous découvert IOTA et quels aspects vous ont le plus attirés ? 

C’est mon ami Pindar Wong, un entrepreneur ayant réussi sur internet dans les années 90 et président de la première conférence Scaling Bitcoin, qui m’a parlé de IOTA. Il m’a mise en contact avec Dom Schiener, et nous avons déjeuné ensemble à Berlin au début 2017. J’avais lu le whitepaper de Serguei Popov et étais intriguée par la notion d’une architecture de registres distribués allégée. Il était devenu clair que les mécanismes de motivation économiques internes de la plupart des blockchains publiques les avaient rendues irréalisables pour des cas d’usages financiers. Les couts de minages étaient simplement trop élevés pour supporter les micro-paiements. J’ai saisi cette opportunité pour poser à Dom un certain nombre de questions critiques sur l’approche de IOTA. Il a répondu de façon ouverte et honnête, et même s’il était apparent qu’il y avait quelques défis technologiques à surmonter, les cotés positifs potentiels d’une approche basée sur un DAG était évidents. 

Pour moi, l’argument décisif était l’opportunité de contribuer de façon substantielle à un projet qui pourrait faire fonctionner la technologie des registres distribués au service d’importants intérêts publics. L’inclusion économique, l’énergie renouvelable, une gouvernance efficace et responsable pour le secteur public, des économies pair-à-pair sécurisées… David et Dom ont reconnu et partagé ma passion pour ces sujets et m’ont demandé de rejoindre la Fondation IOTA pour les aider. La chance de travailler avec des gouvernements, des organisations internationales, des ONGs, des groupes de réflexions et autres pour expérimenter des cas d’utilisation utiles à la société pour des registres distribués –  tout en continuant mon travail de plaidoyer pour des politiques régulatoires raisonnables et bienveillantes envers l’innovation –  était trop séduisante pour résister. 

Malheureusement, à cette époque, il n’y avait pas encore de fondation pour laquelle travailler ! Alors la première année de mon implication a été dédiée aux tâches administratives d’enregistrement et d’installation de la fondation en Allemagne. Ce n’est que tout récemment que j’ai enfin pu accepter d’être employée formellement par la Fondation et commencer à construire son impact social et ses affaires règlementaires. C’est extrêmement excitant. Nous sommes ravis d’avoir un énorme intérêt venant des acteurs du secteur public qui veulent travailler avec la fondation et expérimenter des cas d’usages basés sur le Tangle. Nos projets actuels passent par un éventail varié : de l’espace aux forêts tropicales, des villes intelligentes à la logistiques des Nations Unies. Aucune journée n’est ennuyeuse. J’adore ça ! 

Le défi principal en ce moment, et ma première priorité, est d’engager une bonne équipe qui contribuera à toutes ces idées excitantes, de leur conception à leur finalisation. Notre approche des innovations à impact social est collaborative et itérative, et cela nécessite des gens ayant le bon mélange de compétences. 

On arrête pas d’entendre que « les données sont le nouveau pétrole » (« data is the new oil » – NdT) et l’on peut voir de quelle façon les données que nous générons sont utilisées par les sociétés. Pensez vous vraiment que les données que nous fournissons gratuitement aujourd’hui pourraient finir par avoir autant de valeur ? 

Il n’y a aucun doute que nos données ont de la valeur. Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui a mené à une énorme concentration de richesse dans les mains d’un petit nombre de firmes précisément parce qu’elles échangent nos données. Les gens parlent toujours des 4 GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). Mais il est important de réaliser que la même chose se passe à l’Est avec BAWT (Baidoo, Alibaba, Weibo, Tencent). Ces sociétés sont extrêmement profitables aujourd’hui précisément parce qu’elles savent beaucoup de choses sur nous. 

Si vous n’avez jamais cherché à savoir quelle quantité d’informations ils ont sur vous, je vous encourage grandement à le faire. C’est comme une claque. Cela vous force à vous poser des questions très profondes et personnelles, à vous interroger à quel point vous tenez à votre liberté de maintenir une sphère privée inviolable et sur la facilité avec laquelle vous êtes prêt à échanger les détails de votre vie intime contre de petites commodités, tels des champs de moteur de recherches qui s’auto-remplissent par prédiction. 

En élargissant du personnel au sociétal, l’histoire est remplie d’exemples de programmes de surveillance à grande échelle utilisés pour contrôler, manipuler et oppresser des populations entières. Nous devons garder cette trame de fond à l’esprit pour toujours nous rappeler de ne pas nous reposer sur nos lauriers ni faire confiance aux autres pour utiliser nos informations personnelles de manière bienveillante. Le « Big Data » peut-être utilisé pour faire des choses incroyables – comme générer des avancées bien plus rapides sur le développement de nouveaux traitements médicaux. Mais comme nous l’avons tous vu récemment, il peut également être utilisé pour influencer des élections, réprimer des mouvements démocratiques, semer la désinformation et la méfiance parmi des sous-groupes de populations qui sinon coexisteraient pacifiquement, et bien d’autres objectifs néfastes. 

Comment estimez vous le niveau de conscience qu’ont les utilisateurs lorsqu’ils fournissent leurs données à divers fournisseurs de services sur internet ? 

Les utilisateurs sont sans aucun doute devenus plus vigilants sur l’importance de ce problème grâce à des scandales comme les révélations de Snowden, l’affaire Facebook/Cambridge Analytica, etc. C’est une bonne chose. Cependant, beaucoup n’ont pas pris le temps de vraiment comprendre ce qui est en jeu. Et la plupart des gens ne réalisent pas encore que nous avons de nouveaux outils technologiques pour créer des économies de données structurées différemment. Des solutions d’identité numérique auto-souveraines, par exemple. La communauté des registres distribués doit devenir plus compétente dans la communication des avantages de ces nouvelles technologies et dans l’explication de comment elles peuvent nous aider à nous éloigner de la structure d’oligopole actuelle. 

Pouvez vous expliquer brièvement ce qu’est le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données – NdT) et pourquoi c’est si important ? 

Le RGPD est la réponse de l’Union Européenne au problème omniprésent des données personnelles envoyées par tout le monde, partout, sans aucune considération quant aux conséquences. Il mandate la « vie privée par design » comme l’approche par défaut pour les sociétés et autres entités qui collectent ou manipulent les données d’individus. Il oblige les responsables du traitement de données et des sous-traitants à s’assurer que le consommateur fournisse son accord explicite à la collecte et l’utilisation de leurs données. Il leur donne également le droit de révoquer cet accord à n’importe quel moment. Le RGPD met aussi en avant la notion du « droit à l’oubli », qui a été articulé dans une décision judiciaire par la Cour Européenne de Justice. L’idée est que les gens devraient pouvoir demander la suppression de leurs données si ils changent d’avis ultérieurement au sujet de l’accessibilité de leurs données aux autres. En résumé, le RGPD est important car il oblige les collecteurs de données à respecter les droits à la vie privée de leurs utilisateurs à un plus haut degré que par le passé. Il a aussi des implications pour les collecteurs de données en dehors de l’Union Européenne dans la mesure où leurs activités peuvent avoir des connexions avec des personnes, entités ou infrastructures localisées dans l’Union Européenne.

Quelle est la position de la Fondation IOTA sur le RGPD ? 

La fondation IOTA est un fervent soutien de la confidentialité des données et des politiques de données contrôlées par l’utilisateur. Nous sommes enregistrés en Allemagne, au coeur de l’Union Européenne, et nous travaillons étroitement avec les autorités européennes pour s’assurer que le RGPD est interprété et appliqué de façon à accomplir les objectifs de base de cette régulation. Malheureusement, le RGPD a été écrit pour un monde pré-blockchain. Certaines choses –  en particulier la définition des responsables du traitement et sous-traitants des données –  collent mal à l’architecture des registres distribués, où des noeuds anonymes et distribués partout dans le monde interagissent de façon nouvelle avec différents types de données chiffrées. Notre approche est d’établir des partenariats avec des innovateurs et régulateurs à la pointe pour trouver des façons pratiques d’implémenter le RGPD sans étouffer l’innovation excitante qui est produite dans les secteurs des registres distribués et de l’internet des objets. 

La bonne nouvelle est que ces technologies elles-mêmes fournissent de nouvelles solutions pour certains des problèmes pour lesquelles le RGPD a été conçu. Par exemple, le chiffrage résistant aux ordinateurs quantiques peut permettre aux utilisateurs de transmettre de façon sécurisée des données sans se soucier qu’elles puissent être révélées à des tiers dans les prochaines années. Les identités auto-souveraines, comme je l’ai mentionné précédemment, peuvent aider à gérer des choses comme les permissions et révocations de consentement. Et les avancées dans les preuves à divulgation nulle de connaissance (concept de cryptologie – NdT), qui permettent aux utilisateurs d’effectuer des transactions sans dévoiler aucune donnée personnelle, peuvent se révéler être une des façons d’implémenter efficacement le droit à l’oubli en s’assurant que les données n’ont jamais été mémorisées en premier lieu. Globalement, nous espérons que de bonnes solutions pourront être trouvées. Nos interactions avec les législateurs et régulateurs ont pour l’instant démontré une grande envie de la part de chacun de travailler ensemble et de trouver des solutions adaptées. 

À votre avis, est-on loin d’avoir des villes intelligentes et des gouvernances numériques ? Des exemples de villes ou de cas que vous considérez comme pionniers dans ce domaine ? 

Ce sont des sujets très excitant pour IOTA, et des zones d’exploration actives. Comme vous l’avez probablement vu sur le blog de la Fondation, nous sommes impliqués dans les premiers stades de projets avec un certain nombre de villes et de gouvernement dans le monde. Nous travaillons activement à faire évoluer ces collaborations vers l’étape suivante de tests d’usages spécifiques. 

Afin d’avoir des villes intelligentes, il faut évidemment mettre beaucoup de choses en place. Il faut des capteurs, des solutions d’identité pour les humains, les machines et les objets. Il faut un protocole de transaction machine-à-machine rapide et sécurisé facilitant à la fois l’échange de données et les paiements (IOTA). Il faut une infrastructure de connexion adéquate. Il faut des régulations sur la protection des données. Il faut aussi des politiques de signature numérique qui soutiennent l’environnement des villes intelligentes tout en protégeant les droits des citoyens… Ce n’est pas une chose triviale. Beaucoup d’éléments doivent se combiner pour créer une simple expérience de ville intelligente. Alors imaginez pour une ville entière fonctionnant complètement ! 

La même chose est valable pour les initiatives de gouvernance numérique. Quand vous rendez un processus de gouvernance numérique, il faut être certain qu’il soit sécurisé, efficace, rentable, accessible à tout le monde (mêmes les grand-mères de 95 ans vivant dans les bois d’une zone montagneuse éloignée…) etc. En d’autres mots, nous commençons déjà plusieurs expériences excitantes. Mais nous n’en sommes toujours qu’au début. Il y a encore beaucoup de développement, tests, évaluations, modifications, re-tests, réévaluions, etc. à faire avant que ces grandes idées ne deviennent réalité. Je pense que nous commencerons à voir des démonstrations d’expériences innovantes dans les deux prochaines années. Cela prendra bien plus longtemps avant que nous vivions dans de véritables villes intelligentes. Mais c’est incroyablement excitant de faire partie de ce processus, de l’aider à prendre forme. 

La Fondation IOTA semble être consciente de l’importance de concevoir une technologie durable pour l’économie de l’internet des objets. À quel point est-ce important selon vous ? Pensez vous que d’autres projets dans l’écosystème des crypto considèrent l’impact environnemental dans leurs concepts ? 

L’impact environnemental est un facteur que nous ne pouvons plus ignorer. Nous avons tous contribué à produire le problème du changement climatique. Nous devons tous faire partie de la solution. Donc oui, la Fondation IOTA est à 100% engagée pour la technologie durable. C’est l’une des raisons principales pour laquelle nos développeurs ont souvent quitté le statuquo des blockchains. C’est aussi pourquoi IOTA choisit de mettre en place des partenariats avec des entités qui investissent des ressources dans le développement de nouveaux appareils peu énergivores. Les innovateurs ont la responsabilité d’inventer des architectures de registres distribués qui sont capables de réaliser tous les rêves d’une économie pair-à-pair sans détruire notre planète. C’est aussi simple que ça. Je pense que d’autres projets commencent également à réaliser ce constat. Le débat sur l’évolutivité (scalability – NdT) continue de dominer la plupart des discussions techniques. Mais j’entends de plus en plus de discours à propos de la réduction des besoins énergétiques d’appareils, protocoles et algorithmes, donc j’ai l’espoir qu’on verra de nouvelles améliorations dans les années à venir. 

Comment voyez vous le monde dans 5 ans en terme d’usage des données ? 

J’espère que dans 5 ans nous utiliserons les données de manière beaucoup plus réfléchie, sécurisée et efficace. J’espère que les données ne seront plus vues comme de simples marchandises (« les données sont le nouveau pétrole ») mais comme des ressources publiques. Avec le « Big Data » et le machine learning, il y a un potentiel énorme pour améliorer rapidement la qualité de vie d’un grand nombre de personnes. Ces éléments devraient aussi nous permettre d’en apprendre plus et faire un meilleur travail pour protéger de nombreuses autres formes de vie sur notre planète et même au delà. Je suis optimiste. 

Laisser un commentaire